L’art de l’archèterie


L’archèterie, un monde mystérieux et fascinant.
La France est à l’archèterie ce que l’Italie est à la lutherie.
Rien de plus simple qu’un archet en apparence. Mais les apparences sont trompeuses.

L’archet a beaucoup évolué au fil du temps. La forme générale de cet « accessoire » s’est modifiée en même temps que la musique qu’il permettait de jouer. Les archets de la Renaissance étaient beaucoup plus courts et légers que les archets de la période baroque. Ces archets là n’étaient quasiment pas cambrés et la mèche de crin très fine.

Vers le milieu du dix‐huitième siècle le système permettant d’ajuster la tension de la mèche fait son apparition sur les archets baroques.
C’est ensuite François Xavier Tourte (1748‐1835) qui, avec l’aide de grands solistes de passage à Paris, va perfectionner l’archet et lui donner sa forme quasi définitive. Cette période de transition s’étale de 1765 à 1800.

François Xavier Tourte a toujours été considéré comme le plus grand archetier ; on peut dire qu’il est le Stradivarius de l’archet.

Mirecourt, dans les Vosges est le berceau de la lutherie et de l’archèterie française. Jean‐Baptiste Vuillaume, originaire de Mirecourt, fut le plus important luthier Parisien du dix‐neuvième siècle. En homme d’affaire averti il a toujours su s’entourer d’artisans parisiens et mirecurtiens talentueux et de nombreux archetiers ayant travaillé pour lui ont marqué leur époque.
Depuis le dix‐neuvième siècle l’histoire de l’archèterie a été marquée par le travail d’artisans tels que Jean‐Pierre‐Marie Persoit, Etienne Pajeot, Dominique Peccatte, Nicolas Maire, François‐Nicolas Voirin, au XIX° ; Joseph‐Alfred Lamy, Eugène Sartory ou encore Emile Auguste Ouchard au XX°.

La fin du XX° siècle est marquée par le déclin de la facture instrumentale, entamé dés les années trente. Toutefois, en 1966, André Malraux, alors ministre de la culture, charge Marcel Landowski d’imaginer un plan décennal pour relancer la pratique musicale ; grâce à cet engagement et à l’acharnement des luthiers Etienne Vatelot et Jean Bauer, l’Ècole Nationale de Lutherie et d’Archèterie voit le jour en 1970 à Mirecourt. Entre 1971 et 1980 une nouvelle génération d’archetier talentueux sera formée par Bernard Ouchard et Roger François Lotte.

Certains de ces anciens élèves ont à leur tour formé des apprentis.
C’est ainsi que lors de concours de lutherie et d’archèterie il est tout à fait courant de voir figurer au palmarès un ou plusieurs français, ainsi que des archetiers formés en France.
Ainsi, l’archèterie française (ancienne et contemporaine) est la plus appréciée à travers le monde ; les meilleurs
ambassadeurs de notre travail sont les grands interprètes qui ne se séparent pas de leurs archets français.
Comme au temps de F.X. Tourte nous utilisons le bois de pernambouc pour réaliser la baguette, l’ébène pour la hausse et le bouton, l’or ou l’argent pour les parties métalliques et la nacre pour les ornements. De tous temps la mèche a été composée de crin de cheval ; il en est toujours ainsi.

Nous assemblons ces différents matériaux nobles afin qu’un archet de violon pèse 61 grammes, un archet d’alto 71 grammes et un archet de violoncelle 81 grammes. Leurs baguettes doivent faire respectivement de 73, 72 et 70 centimètres de long.

Comme nos prédécesseurs, nous avons à cœur de satisfaire les musiciens qui nous font confiance. Ils doivent être satisfaits par la qualité de notre travail aussi bien techniquement qu’esthétiquement. Car l’archet n’est pas qu’un outil qui doit être agréable à manier, il doit aussi être agréable à regarder .